Généralement, on en a l’image d’un métier idyllique mais ceux qui soignent nos animaux sont aussi concernés par le burn-out et le suicide.
Considérés pourtant comme des sauveurs, certains demandent à être sauvés ! Un tabou que l’association Vétos-entraide a choisi de lever en 2002 en créant une structure d’écoute nationale. « Un peu similaire à SOS amitiés, mais destiné uniquement à notre profession », explique le docteur Artagnan Zilbert président de Vétos-Entraide. Une écoute « en miroir » qui permet de prendre conscience des difficultés et d’évoluer pour ceux qui soignent les animaux.
Contrairement à des études dans d’autres pays, il est impossible en France de dire si l’on se suicide plus dans cette profession que dans une autre. Cependant, une étude non officielle, jamais publiée révèle que la fréquence de suicide n’est pas plus élevée. « Mais comme nous sommes une petite profession, dès qu’il y a plusieurs suicides sur une courte période, ça choque ». Chez Véto Entraide, le nombre d’appels de détresse reste stable. « Nous écoutons environ une soixantaine de personnes par an ».
POURQUOI NOS VÉTOS NE VONT PAS BIEN ?
En général, la personne a des prédispositions. Elle souffre souvent, d’un cumul de facteurs, personnels et professionnels. Côté professionnel, ce sont souvent des conflits en associations, entre employeurs et salariés ou entre salariés eux même qui poussent à bout les professionnels. Le contact avec la clientèle est, lui aussi, rendu difficile : le vétérinaire en difficulté perd souvent patience, les clients le ressentent et deviennent eux mêmes plus désagréables. Une spirale dont il est difficile de sortir.
La confrontation avec la mort est aussi un aspect très important. Aujourd’hui, l’animal n’est plus a proprement parler un animal de compagnie, mais un membre à part de la famille. Voire, il est perçu comme un enfant. Imaginez la pression ressentie quand la décision d’euthanasier celui qu’ils considèrent comme un enfant est prise. Même si, depuis quelques années, des cours sont donnés, il faut réussir à doser compassion et empathie. « Sinon, chaque euthanasie serait insupportable », assure le docteur Artagnan Zilber.
Vétérinaire est la seule profession à proprement parler à « vraiment donner la mort ». Et euthanasier reste un échec pour beaucoup. Réussir l’impossible, tout guérir, n’est pas la réalité du métier. Et sans mettre de la distance, penser que l’on est incompétent n’est pas rare.