Très tendances, ces apéro-vidéo se faisaient rarement avec du jus de fruits : « L’alcool est convivial, fait partie de notre patrimoine culturel, et il est légal. Il est donc facile pour les plus vulnérables de développer au moins un abus d’alcool et une dépendance par la suite. C’est clair » estime le Docteur Faredj Cherikh, chef du service d’addictologie au CHU de Nice.
HAUSSE DE LA CONSOMMATION, PAS FORCEMENT DE L’ADDICTION
Confinement ou pas, l’apéritif quotidien a toujours été déconseillé. Mais il convient de relativiser : tout le monde n’est pas devenu addict à l’alcool en quelques semaines. « Si l’on se pose la question, ça veut dire qu’on a encore le contrôle. On est pas addict : c’est moi qui commande toujours ma consommation, j’arrive à me raisonner ».
Le test important ? « Si je bois un verre, est-ce que j’arrive à me limiter ou bien non ? ». La notion de craving, le besoin irrépressible de se resservir, de consommer de nouveau de l’alcool. « A l’insu de mon plein gré », explique le docteur.
De façon générale, boire de l’alcool, son côté apaisant et convivial et pas au quotidien c’est oui. C’est normal. En boire tous les jours, pour combler un vide, traiter l’ennui. L’alcool comme antidépresseur ou anxiolytique, c’est non, non et non. Et si l’on se suspecte (ou suspecte une personne de son entourage), il faut consulter.
VIDÉO : « UN MAL POUR UN BIEN, PARFOIS »
Le docteur Faredj Cherikh, chef du service d’addictologie au CHU de Nice relève aussi des choses positives au confinement. Regardez :
POUR LES DÉPENDANTS, LE CHU DE NICE EST RESTE EN CONTACT
Pour ceux qui étaient déjà addicts, malades de l’alcool, l’organisation de l’activité de l’hôpital de Nice, avec la mise en place du plan blanc au début du confinement, n’a pas permis de les garder hospitalisées, ou encore d’assurer des rendez-vous en présentiel. « Nous avons donc créé une plateforme téléphonique dès les premiers jours pour rester en contact avec ces personnes, qui n’allaient pas bien, pour limiter leur consommation de produits et leur répondre. Pour les cas les plus urgents, les plus graves nous avons quand même assez rapidement pu les recevoir de nouveau. Les traitements de substitution, bien encadrés et avec des protocoles très stricts ont pu également être délivrés » explique le Docteur. Nécessaire, certains patients n’allaient vraiment pas bien, développant accès psychotiques ou dépression.
Les Alcooliques Anonymes, ont -eux- organisé des visioconférences pour que les membres puissent continuer de participer à des réunions malgré l’impossibilité de les tenir physiquement. Des rendez-vous avec parfois cent personnes. Utiles pour simplement écouter, pas le top pour s’exprimer. Mieux que rien quoi…
Crédit image de une : Illustration / Visivansc